lundi 9 août 2010

Fabriquer son thé épisode 2 製茶活動二

On a passé la journée à remuer notre thé, toutes les demi-heures on allait dans le hangar et on remuait nos feuilles, elles se tassaient de plus en plus et au bout de la 6ème fois on les a réuni car elles tenaient toutes dans un seul plateau.
ça c'est mon thé!! On avait tous inscrit notre nom de sorte à ne pas perdre nos feuilles, et savoir à qui était le thé. Nous étions plus de 20 alors valait mieux faire attention.
Le thé est installé dans un grand taulier à la manière de nos vers à soie pour les cocons. Je ne peux pas vous décrire le parfum de cet endroit, c'était trop bon, mais au bout de plusieurs heures le parfum devient de plus en plus présent, et moi j'avais un peu mal à la tête vers minuit.

Le soleil s'est lentement couché et nous avons continué à remuer, sans relâche notre thé. Franchement lorsqu'on fait ça pour la première fois, on ne se rend pas compte combien cette première étape est primordiale sur la qualité du thé. C'est d'ailleurs pour cela que Lao Ji Zi n'a pas d'employé, il travaille en famille, et très peu de personnes manipulent son thé. Il gagne des prix internationaux tous les ans quasiment, je pense que ceci explique cela!

Ensuite les enfants de la famille sont venus laver d'énormes woks, je me suis dit qu'ils devaient les laver pour préparer le repas du soir, style méga géante paëlla, mais pas du tout!
Ces woks servent à cuire les feuilles de thé!! Là j'ai commencé à avoir très peur, car cuire le thé que j'avais pendant toute une journée délicatement manipulé, ce n'était pas envisageable, je craignais le pire!!
Entre temps, on a joué aux experts, et on a organisé une compétition des meilleurs thés, enfin, plutôt des moins pires... je suis mauvaise langue, d'accord j'arrête...!

Derrière le monsieur qui sent un thé vous pouvez apercevoir une des gravures de Jeong Di 楊炯杕. C'est un paysage français, ça ressemble beaucoup à la Seine ou la Marne. C'était rigolo de voir ça, en pleine campagne taiwanaise, au milieu de personnes qui ne parlaient que thé, thé, thé et thé.


Je vous annonce tout de suite que je n'ai pas gagné le premier prix, ni le second d'ailleurs: meilleur goût, meilleur parfum! Mais comme j'avais joué du violoncelle pour les feuilles, si, si c'était l'idée du maître de thé, il trouvait ça important de jouer de la musique aux feuilles, alors pourquoi pas? donc il m'a offert un thé wulong de plus de 30 ans, le genre trop bon et méga cher!!
 
On a remué nos feuilles jusqu'à preque 22h ou 23h du soir, je n'en pouvais plus franchement!
Le maître de thé venait nous aider et il avait une technique très particulière pour savoir à quel stade en étaient nos feuilles.
Il mettait le nez dedans!! 
Vers 23h tout s'est accéléré, il a fallu passer nos feuilles au premier feu. Le grand wok que j'avais vu être lavé par les enfants était posé sur un feu de gaz, puissance maximum. Evidemment pas de baguette ou de palette pour remuer les feuilles qui crépitent sous l'effet du feu, mais à mains nues!!!! OH MY GOD!!

Heureusement que nous, on avait le droit aux gants en tissu épais blanc, sinon c'était la cata assurée!
Chacun est passé à son tour, et je peux vous dire fièrement que je n'ai pas eu besoin de beaucoup d'aide tellement je savais faire tourner mes feuilles comme une salade de tomates toute belle!! Tout le monde était complètement soufflé, ben oui, comment ça se fait que la petite française qui normalement devrait être à la masse complet, se débrouille aussi bien? je leur ai sorti le coup du "dans une vie antérieure je fabriquais du thé", et ils ont acquiescé sans mot dire!
Après, on se mettait vite par terre, et on roulait les boules de feuilles encore bouillantes afin qu'elles prennent une forme torsadée, les mains se sont recouvertes du jus verdâtre des feuilles, et je ne vous dis pas le parfum si bon qui se dégageait dans l'air!
J'ai refusé de me laver les mains jusqu'au lendemain matin, ça sentait trop bon, en plus je suis sûre que dans un spa ça coûterait les yeux de la tête, un "masque pour les mains à la douce sève de thé de Taiwan" imaginez le concept!

Voici mes feuilles pour l'avant dernière étape, celle du séchage dans cette grande machine. On place les feuilles en haut et elles passent d'un étage à un autre jusqu'en bas.
On voit les poignées à droite qui servent à faire passer le thé d'un étage à l'autre. Ensuite les feuilles sont séchées complètement dans une sorte de grand four, et 20 minutes après on met les feuilles dans de grands sacs et on rentre chez soi tout content!
Cette étape est la dernière, il est 3h du matin, la plupart se sont endormis une fois leur thé terminé.
C'était rigolo à voir, au milieu de la petite route, une dizaine de personnes en train de dormir dans les plateaux en bambou. Certains avaient soigneusement pris leur thé à leur côté.

2 commentaires:

  1. Complètement dingues ces photos de personnes dormant dans les plateaux en bambou !!!! J'adore tes photos en noir & blanc + couleur verte des feuilles, so mystic !!! ;D

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  2. Merci Sab, merci pour ce voyage au pays du thé, ce soir je montre ça à H.
    bises

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